C’est sous le titre un peu mièvre de Juliette, je t’aime qu’arrive sur nos écrans en septembre 1988, dans le Club Dorothée, le génial dessin animé japonais Maison Ikkoku (que l’on peut traduire par « Maison du moment »). Ce nom peut s’expliquer par le fait que l’action se déroule dans une pension de famille où l’on peut louer des chambres pour un prix modique : cette maison est donc destinée à être un lieu de passage, où l’on séjourne momentanément. Cependant, le kanji (idéogramme) qui sert à écrire « Ikkoku » en japonais signifie en chinois « gravé dans la pierre »… Le moment fugitif étroitement mêlé à ce qui dure… Et, en effet, les locataires de la « Pension des mimosas » (nom inventé pour la traduction française) seront les mêmes du premier au 96è épisode !

45 tours du générique français interprété par Bernard Minet
Adapté du manga de la talentueuse Rumiko TAKAHASHI, à qui l’on doit également Lamu et Ranma ½, cet anime bénéficie de deux grands atouts dans son équipe créatrice. D’abord le chara-design est confié à Akemi TAKADA, une illustratrice de talent à qui l’on doit également les personnages animés de Creamy, merveilleuse Creamy, Lamu, Max et compagnie ou encore Julie et Stéphane. Ensuite, la bande originale est l’œuvre (on peut même parler de chef-d’œuvre !) de Kenji KAWAI, compositeur inspiré qui mettra aussi en musique Patlabor et Ranma ½. Notons toutefois que pour les 26 premiers épisodes, ce sont le character-designer Yûji MORIYAMA (mecha-designer de SuperNana !) et le musicien Takuo SUGIYAMA qui ont travaillé sur la série ; un travail également de grande qualité.

Juliette et Hugo, par Rumiko TAKAHASHI
Le théâtre de cette histoire est donc la Pension des mimosas, où évoluent les protagonistes. L’un des locataires, Hugo (Yûsaku GODAI), est un jeune étudiant qui cherche à entrer dans une université, malgré ses notes calamiteuses. Viennent ensuite Charlotte (Akemi), une rousse impudique et nonchalante, Stéphane (Yotsuya), un homme mystérieux qui passe son temps à embêter Hugo en squattant sa chambre, Pauline (Hanae ICHINOSE), à la fois bonne ménagère et archétype du bon-vivant, et son jeune fils Léo (Kentaro), qui a honte des effusions festives de sa mère. Notons également la présence plus que discrète du mari de Pauline qui, longtemps, passera inaperçu aux yeux des autres résidents !

Comment voulez-vous que Yûsaku étudie, avec Akemi, Mme Ichinose et Yotsuya qui viennent trinquer dans sa chambre ?
Alors que Hugo est sur le point de quitter la pension définitivement, ne pouvant continuer à étudier dans le vacarme des fêtes à répétition organisées par Pauline et les autres, arrive Juliette (Kyôko OTONASHI), la nouvelle gardienne de la pension.

Kyôko, une gardienne aussi charmante que dévouée à ses pensionnaires

Devant la Pension des mimosas


Une écharpe pour deux ? Yûsaku en rêve... Les trouble-fêtes : Maxime (Sôichirô, le chien de Kyôko) et Yotsuya.

Arrête, Maman, tu m'fais honte !!
Hugo tombe immédiatement amoureux de la belle jeune femme et décide finalement de rester. Dès lors, il n’aura plus qu’une idée en tête : conquérir son cœur ! C’est évidemment sans compter sur les rebondissements, les obstacles, les quiproquos et les rivalités qui viendront pimenter la vie de la pension.



Un voile de tristesse couvre le beau visage de Kyôko chaque fois qu'elle pense à [ATTENTION SPOILER : NE LISEZ PAS LA FIN DE CETTE PHRASE SI VOUS N'AVEZ ENCORE JAMAIS VU LA SERIE !] son défunt mari.
L’un des points forts de la série est sans nul doute le cadre qui souligne de façon poétique (fleurs de cerisiers, bruits de la ville qui se répètent à l’infini, jeux d’ombre et de lumière…) la coexistence d’un Japon traditionnel et d’un Japon qui tend à vivre de plus en plus à la mode occidentale. Ce soin porté à la toile de fond apporte non seulement une « touche zen » à la série, mais aussi renforce le sentiment de réalisme qui s’en dégage…

Kyôko en habit traditionnel à l'occasion du nouvel an

Yûsaku et Kyôko, un moment de tendresse au milieu des cerisiers en fleurs
Bref, on rit, on est ému, on s’émerveille des dessins, de la musique, des petites trouvailles scénaristiques… S’il y a un dessin animé japonais qu’il faut avoir vu, du début à la fin (et si possible en VOSTF pour éviter le doublage pénible gangrené par la censure), c’est bien Maison Ikkoku !


Qui sait ? Peut-être un jour...
Maison Ikkoku © Rumiko TAKAHASHI / Kitty Films / Fuji TV